DANS UN PREMIER SECRET

 

 

 

Dans l'oeil de la lettre.

 

 

 

Le jour, feignant son mélange angélique, dans tous les sens enlacés d'esprit rabattu, à chaque sommet d'exclamation, surprenant le soir à l'abri, sans l'éclair d'une inquiétude funeste, a gravi le mont des martyrs pendus par deux fois pour avoir trop mal trépassé. Et là-haut crie le chant du berger fauve qui a mangé toutes ses brebis et empaillé la plus galeuse. Rien de plus ni moins que cette litanie sans trêve ni raison et le jour alarmé dut céder son clown blême au soir démuni par l'horizon menaçant. Et en bas dans la plaine, un ange nettoie ses ailes dans une mare de vin, avec de grands yeux rouges il sourit.

 

 

 

Mon cerbère bien briqué aboie dans la cour et dans les jardins sadiques les pics jurent aux jacinthes - Non je n'étais pas un sofa et je n'avais pas de bordures, les coutures font trop mal. Et puis la fille mythologique a laissé glisser ses écailles aux mains des fileuses qui cousent les scintillements d'eau. Comme c'est triste l'espoir, mon amante seule attablée devant l'alcool de ma tête - et par milliers ses membres crochus - Je n'étais pas son miroir brisé, oeil de ciel en morceaux découpant les visages des enfants fumant aux lueurs des soleils horribles que bénissent les croix noires. Et je n'ai pu danser avec la sorcière parfumée - Sans faim j'ai rongé les lèvres des fleurs amères. Et je n'ouvre ma petite porte de ronces que pour éventer tous les regrets, et je coupe toutes les mains étrangères - pas un de ces monstres ne pourra pénétrer quand bien même la bouche noire les crache sur les murs, dans son haleine de mort - ma sphère demeure close.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure averse

 

 

Figure verte du cadre s'émeut

Travers des complexes végétaux

Motifs au ciel convexe suspendus

Attendrit l'espace de ses fibres de neige

L'air taillé de ses cristaux

Ainsi que les deux agates, les yeux de la déesse,

Pour s'admirer dansés les arcs de son horizon

Les vivants échos de sa main ouverte

Pour s'entendre coulée la pensée de la fleur, la pure et la séduisante,

Figure averse, le philtre aérien de fécondité l'excitée surgissante,

Cent lames volatiles qui déchirent dans leurs étroits crissements

Le ciel adulant toujours ses joyaux éternels,

Cent lames rougies et fouettées pour s'extraire encensée sa force d'or

Et dans nos mains son coeur nous visitant réveillons les vertiges,

Au travers sa chair d'icône qui de notre corps s'enlacent

une et deux puis trois et d'autres gorges alliées

Du ciel encore du ciel coulant

Le long des cierges le sperme d'encre

Notre bain Son raisin violent

Ivre solution notre nouvelle aine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eaux fortes

 

 

Torrentiels des flots rapides, serpents d'éclairs

Du poison le feu de liqueur à l'ivre ravage,

Jouissance des infections sidérantes ils fulminent.

 

Torrentiels des bouillons salivant des brûlantes gueules,

Ses charbons rouges dévorants aux sucs l'oeuvre acide

Et pour l'efforcée pénétrante consumants ils tuent.

 

Torrentiels scintillés qui grondent, tonnerre des étoiles

À l'infini coléreux des apocalypses au meurtre pur

Où la mort est vierge priant ils délivrent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ascendance du Scorpion

 

 

Par la brèche sur soi contrariée de moi l'objet d'essence m'est trahi, à l'entaille profonde

et tout défaisant le mensonge percé d'entre tout il m'engouffre - Et l'étrangeté soudain :

 

Tout au lointain à jamais sans fin épuisé, rompu aux tréfonds des abandons, et les

abîmes lucides retournés qui m'ouvrent s'engloutit tout en mélanges démis des

images perdues et des liens oubliés relâchés sans retour du monde,

Passant les fresques troublées les signes toutes les effigies et les peintures s'en

dissolues - passant les spectres à ne plus rien dire - maintenant, par de l'autre est

l'inconnu et l'illisible et l'insoupçonné...

 

S'emmurer du coeur ma sépulture, déjà ma surface déperçue qui durcit, et s'émaille

du masque aveuglé s'indolore ; les deux minéraux échardés mirant leurs plaies

tout aux aiguilles s'imprimant les décharges se dévoient dans une vision rentrée,

Quittant,

L'azur éfigé, qui s'éteint, contre les parois, d'en deçà les intérieurs m'inversant :

 

L'oeil dans sa sphère est au fond et regarde dans l'anneau de sa révolution

la vision s'inspectant, l'abyssale, qui s'émerge des flores et de nocturnes faunes,

De sa pénétration au vivant de l'ombre pour soi l'éclairante,

Aux sèves noires et délicieuses échevelées des fleurs pulvérulentes,

S'en filtrée dans l'humeur d'esprit le confinement, diffuse à la demeure condamnée,

elle veille et s'alourdit en veillant.

 

Au fond de ma statue invincible et d'ombres, dans son éther en brumes serrées,

sombrement se germe de la chair fiévreuse, le cuir suintant d'écorces épaisses,

pointant les tiges aux étoiles béantes, les profondes pulpes fécondes,

s'écumant d'odeurs déliquescentes,

aux nerfs grouillant l'air tactile et transpirant

à la nervure des robes chaudes et sucrées la salive concentrée

s'en mélangeant toute leur coulée, des velours fourrés mués

qui vrillent en terre des racines croisées s'unissant percent les croûtes écartelées,

plongées dans les glaises où sommeille le maigre alcool noir des abondances avortées...

 

Se souviennent les fantômes d'anciens diamants murmurant leur source,

aux fonds obsédants des songes végétaux,

s'aliénant aux lierres enroulés les spirales furieuses

qui se déversent dans les ronces charbonneuses,

rampantes au cratère sulfureux le désastre :

 

Le scorpion lunaire qui s'aiguise au rayon de sa lame,

À creuser au coeur le gouffre dans l'obsidienne,

Crachant ses effusions sanglantes,

À chercher comme à toujours le Chose elliptique,

arme de désirs, d'épuisements à fouiller de ses ongles

les champs d'outrages où s'entrechoquent

dans leurs feux les piqûres amères sur les regrets gisants.

 

L'insecte qui observe sans lumière de ses vitraux là-haut

la neige graineuse des pavots flottants où je ne m'atteins plus,

La vesse poudrée obèse et pleine qu'il crève, s'étiole en moussant sa rousse fourrure,

perforée cette globuleuse larmoyante au sucre arrosé

qui mouille puante les herbes flétries, cette lune éventrée fondant,

astre lyrique à la gorge tranchée, icône à son ange pendu d'échardes son cadavre décharné,

mes reins dans son déluge, les cris me cognant à sa cuirasse, son venin la folie sombrée,

Encore si natif à son reflet de quelque pénombre rare où je me verrais délivré,

la brillante et blanche carnation qui s'enfanterait d'une vierge

mais si fugitive d'entre-jours, viendrait tremper ses lèvres saintes :

 

L'apparition violée d'épines s'évanouit au lointain sa voix errante, perdue sa prière

 

D'inutiles sursauts, le dard planté du monstre, l'hémorragie.

 

De toi si l'amour est coupable, délaisse dans la prière.

Et plonge sans retour.

Le Scorpion creuse la tombe, et devant mes yeux, les ombres m'entourent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Astolède

 

 

Budant les pilustres alodants

Cétrile Astolède gisanfeint,

Anaphède et molède inant.

Tranaphale entralong les rifilins,

Courtu ! Courtu ! Eh ! Afarkâan labolustre !

Médéasse Trilicognu... Budant les pilustres

Cétrile Astolède ; Courtu ! Courtu !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Matin

 

 

Généreuse rumeur chaude et illuminée des blés matures,

Si claire et si dense à mon humeur des yeux dans le coeur de la chair,

Tu te soulèves et tu resurgis enfin plus entière,

Dans notre messe respirant dans nos sèves fumantes,

Brûle d'amour d'être.

 

Et d'être ici ton épousé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des regrets

 

 

 

Jamais de rien ne voir le monde

Là-bas disloqué en tous ses membres éperdu de toi

Jamais de retour

Donne-moi maintenant la clef brûlante

Ici caché le soleil sous son verre somnolent

Donne-moi ce chemin

Pourquoi t'enfuir épuiser les désirs

Ne plus désespérer ne plus s'arrimer

Pourquoi t'échapper

Toujours chercher là ce qui n'existe pas

On dit l'amour n'existe pas

Jamais le voyage

Donne-moi maintenant la clef brûlante

Ici tenir l'étoile sur le rivage détaché

Donne-moi l'ange de ton sourire

Toujours ce qui n'existe pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carnage

 

 

Hémoglobiennes puissantes des anis verbeuses

J'enroule mes lèvres à tes herbeuses

Écoulantes les rétives sécheresses

Et gersures qui labourent les rampantes

Aux virulantes les fissures effrangées

J'arime les aliformules à tes largesses

Et déboulantes aux mollesses les aimantes

Toutes croûtantes et liquoreuses les entières gluantes admises

Écartant tes démesures délivrant tes coeurs

Qui étendent se tordent en langueurs affamées

Elles criment gentilles la foudre à ta frise

Les ventricules dans tous les bouillonnements,

Ne faiblis pas d'amour la déesse !

Moi le sang voulant l'ivresse...

Et je tends mes brasures à ta murmureuse

Et m'allant tressures à tes mielleuses

Crissantes et moulantes les ardentes

J'enserre ta menthe mûrante et odorante

Sifflantes les vapeurs crevées et

Ronflantes les salives germées

La fouleuse et sanguine qui déchaîne

C'est la sexefoliante motilée qui délivre

Et l'entrouée affligeante assénée qui s'écrie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Torture symphonique

(en écoutant Lutoslawski, Symphonie n°2)

 

 

Crisse une main dépliée

 

 

 

 

Entre mes côtes

La corde grosse crispée

Il faut expirer

 

 

 

Au son quelque part de ta voix la ressemblance à moi torturé par l'oeil dont je suis enceint comment dévier d'une ligne debout tendue flotte aux yeux diminuendo et ramené en pierre et plongé de plomb du silence la peur soudain s'attendre au mal à surmonter ta petite chanson entre mes côtes

 

 

L'horizon s'ajuste l'orchestre à ma gorge morcelée, d'un coup immense l'hélice qui écale en ondes les contours de mes cercles. Les voyelles, ma couronne intime guirlandée qui s'allonge saillie et répétée. Des bouches ronflées ruminant mes sangs s'écrient, étirées, s'écartèlent de ma panse partout trouant les tissus effilés des coins enchâssés de mes carrés ; les consonnes.

 

Tous les tambours tamponnant les tympans, roulant les grosses langues clappant à mes faces, ils me cassent, hululant des virgules fourbues - ou sinon mes ongles râclant dans l'arête qui ronronne toujours entre mes côtes bave des onguents rances de ma crainte crépitant, éparses broutées par les grandes gueules qui glottorent. C'est l'armada sur mes tournures verbales enroulées, soumises, l'armada soudain là déferlante : les épines aiguës pinaillées de mes chevelures hirsutes, le crâne immense haché pleurant du sang mes artères traversées des flûtes et des souffles qui hersent. Elles trissent et aigrissent toutes les lances enflammées tellement de douleurs à ce long cours de t'assourdir à l'oubli les orgues... enfilés, défilés qui transpercent... polycarnations tonitruantes en mes efforts vains esclaves qui m'ulcèrent courant dans la peau bientôt explosent au grognement de mon ventre, une outre de gloutonneries gloussantes qui couinent mais pour en finir, en finir de ta chair de ma chair le chant...

 

 

Défoncer tes cordes souples et berceuses à charme ce souvenir qui mouline les ailes effeuillantes en toutes les tiennes figures d'un grand écho du fond qui râpent les entrailles, s'approche en trombe le nasillement bouillant qui les déforme, les bulle et les chiffonne quand je suis accroché encore à ma frise persévérée malmenée qui suffoque démembrée, dénervée à ces crénelages démangeant à faire trembler avec la peur - là de m'y écraser dessous. Imbriquées les voix traîtres de rengaine enfin qui sont décriées, décriées discordes perdues, ma douce, dans les branlements qui éructent mes bouches et tout ce qui s'étourdit en ces lambeaux de torches relâchées. Mon corps si ramassé enfourne la vapeur flatulée, alourdi des bâillements, il me rappelle au râle rescapé de ma langue vrillée et de mes pieds crochetés, non pas le petit air sauter, s'évacuer au courant des écroulements émiettés des remblais la vicieuse visqueuse qui colle à toutes les pointes, sa cloche tinner qui me déhanche les basses en froncellissements joints des rumeurs à grand trouble des cotons du fou sommeil, mais encore ne pas vouloir aux remous qui menacent céder les reins dans ses accolements et chuinter la longue larme de répit les bémols...

 

 

 

Coulant

Ta voix

Formols

Anciens

Au fond du carcan noir grondant

Rien ne délivre

Qui me désagrège

J'aime encore tout froissé comme encore j'aime

Englué des goudrons me gravillant

Tout chaud la mort comme j'aime encore gémissant

 

 

De l'arête dorsale greffée au fléau de l'archer qui fouille les malaises follement à ravir les rages qui m'agrippent - l'obèse acajou qui racle à toujours m'emmancher mes chairs vermoulues d'éclats criants tout crochetés l'emprise est rythmée par-delà ma force à défaire du son par du son ta tendre caresse obstinée, allophone exotique. Ta poigne me fait mes peines résonner, mais je tords le cou et te vois non pas la petite chanson à tuer, pourquoi la litanie méchante à rien toujours s'évertuant à son vacarme, mais l'outil que je tire la mâcheuse et je mords le joug des cordes gondolées. Me foulant elles grincent et résistent quand m'arrache des quatre nerfs tyranniques de ta chevelure tendus pour nombrer tes emblèmes, l'oeil filant la hanche lignée, cette langue affinée la main sinuante, une toux claquant dans l'air l'instrument dû... Ô dû !

 

Et la griffe maîtresse démise

Tire l'épée du fourreau de mes vertèbres

Et manque de toucher la nuque

 

Mais s'évanouit dans mon crachat

Affadi enfin l'affaissé

Mortellement muet

 

Délaisser sonner de loin en loin l'espace retrouvé...

 

Je sens comme une petite chanson qui me regarde dans les veines

Et je te vois tes cordes les rajuster.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vêtement de voyage

 

 

 

La belle voile naïve enceinte des vents doux

Se lève s'ouvre se délivre :

 

Un coeur frais sur les lèvres des champs ciselés.

Elle a toilé de son buvard opaque les soleils roux :

 

Un papier de Chine, aux filins laborieux et simples,

Tendu comme un écran,

Infuse les dix mille figures des mondes,

 

 

- L'aquarelle auréolant la grande tache de feu

Qui, derrière, soulève aux nuages des fumées luminescentes :

 

Un incendie au loin de quelque ville qu'on oubliera...

 

 

La belle voile de voyage,

Sois tendue à mon filin anxieux,

Sois saillie à l'échine du souffle qui me porterait,

Je te trouve, me déroulant, au gré :

 

 

Ce drap laissé là que l'encre tardive a noirci,

Vient me découvrir de sa senteur illuminée, légère

D'été, invisible passant dans le cadre sans mesure

D'un verre d'yeux épars :

 

 

La belle robe des départs, et des fêtes,

Qui gaufre l'enveloppe de notre pesanteur :

Toilette d'un enfant secret de ma promenade.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vision

 

 

Le char de vastes feuillages déploie les

Milliers d'ailes qui éparpilleront les fins

Clignements luisant de l'air

Il s'avance de là-bas sur le jardin

Et recueille les grelots d'encre qui tintent,

Il jette ses roues de voiles à mes mains pour

Caresser la profondeur des silhouettes à mon désir mûr

 

Tremble à mon détour d'entre les échos de mes pas

Une gerbe s'est échappée de la terre

Et les frictions des étoffes se sont ensoleillées devant

Toutes les esquisses des mains inaperçues de mon sein

Soudain m'ont découvert leurs assemblages

Coulant d'une sourde migraine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À partir

 

 

 

Douce

Où es-tu

Plume des transfusions ?

 

À la marge

Un secret sourire accueillant

Sur son fil, bord de loupe,

Le vertige à la lettre

 

Bordage, abordage des substances,

Transfigure, veine brute et rituelle,

Là, quelque part, de moi,

Ailleurs, j'y viens, attends !

 

Cette nourriture,

Hasard du visage puisant son reflet...

 

Borde mes yeux

Dans ta foison sonore !

 

Sentie là où un coeur pousse

 

Je l'entends qui s'enfante

Souffles pénétrants.

 

Je te sens l'issue effleurant le trait donné

J'y suis

Là ma feuille du geste le corps

Sans raison

Ivre-moi

L'inscipiante

 

L'arche prophète m'entend et étoilera pour moi une voie conquise.

 

 

 

 

 

 

LE COEUR À JOUR

 

 

 

 

 

 

Cantique libre

 

 

J'ai le coeur carillons puissants cuivres de grondements féconds

Et de l'amour les racines innombrables,

Je me soulève ocre et franc, arbre d'éterniser au vent le bond animal de la terre,

Roulant l'oriflamme de ma peau dolente à ses écumes de braise,

J'aborde à toutes les orées.

Ces couronnes d'astres tirant à leurs voiles les lèvres de tous les corps.

J'embrasse, avec dans l'utérus l'immobilité des germinations,

La bouche des semences,

Sa récolte, tout le temps durant, des nourritures patientes,

Tes cheveux ondulant roulant les lointains nés soudain à portée des mains,

Du soleil brouillant vermeil,

L'emblème frais du gouvernail.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Formule

 

 

 

Comme de par l'astre régale à ce calme stupéfiant

Le loisir de la durée

Le long étendus d'or fauve l'heur profond

Le baume, krhème assouvi

Présent possible enfin ce soupir posé

D'assortir en partage

Trouver ces roulements bronzes qui s'enluminent,

Variations irrésistibles

Des prégnantes fugues bruissantes

Les entrelacs impétueux de ces étourdis

Fous oiseaux de caresses

Qui s'éfrisent à nos trames velours

Flammeries pleines aux souffles chauds

D'effrénées rumeurs partout de nous

La volière de chuchotements étreints.

À tous nos corps prononcés enfin,

Les frissons les seuils franchis,

De tous les écueils échancrées des baies partout

À saisir les voix les sens

Goûter du vivre au délivrant tourbillon,

Ouvert ici sans mort,

De par l'astre régale à ce calme l'arc prodigue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Transgression

 

 

 

Je piétinais les goudrons bruyants

Le couteau du sacre inconnu dans la main

Et la plume plantée dans l'autre

Pour attendre quel regard d'encens

Me pourvoirait du geste d'espoir, déraciner le coeur

Et attendre d'une bouche enfin

L'eau fertile de sa soif épanchée...

Et ses lèvres m'ont donné

Le parfum m'échappant et desséchant comme

Le désert des quarante jours

Le piètre pèlerin tenant sa plume serrée comme le bâton

Dans l'immensité inassouvie

Adorateur le couteau dans le sang

Et la plaie dans les yeux, vocation d'exil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Absence

 

 

 

Passe un fantôme calme

Ta rencontre de faux visages

Gris parmi les frêles tiges des arbres en cage

Ces fers tordus de torture

Pour qu'ils ne s'enfuient,

Cachots des condamnés osseux et affamés sur la place gelée

À mes pas cassant sur la fontaine maigre qu'ils assiègent.

De leurs barreaux me glisse,

Limace de sang s'allongeant de leur plaie,

Jusques aux bords des corps jetés,

Lourds nénuphars étiolés qui coulent

Parmi toutes ces Ophélie rongées d'absence.

 

 

 

 

 

 

 

Absence (II)

 

 

 

 

Ce radeau reposé                                        repous s é

                    dénué

                    là

au bord de ce matin

                              ses draps odorant l'attente

et ses rêves l'absence

a

          dérivé

                              sur la rondeur houleuse

                                                  désir          chancelant

                              sur l'écume

avide

          et qui cherche le fanal                    nouveau venu

Abandonné

                    étourdi

                                au soleil

                                             qui s'ouvre

                                                                le bord de son silence

 

                                        m'est flanquée

                                        sa lourde

                                        foule d'effluves

                              de                              à

                                        vague                    vague

                                        l'immobile parcours

                                                  l'adieu

                                           des gréements

 

                              où es-tu ?                                                  jusqu'au

                                                                                                                        bord

 

                                        d'un matin

                                        plus                                                            seul

 

encore

 

la lèvre ivre à la fleur de ta peau vermeil.

 

 

 

 

BLANCHEUR

 

 

 

 

 

 

 

 

Face à face

 

 

J'ai ton oeil de corne sous l'aile suante qui déborde la lie partout et ton lourd pelage

qui court sur toutes les pierres bâties ta dent glisse à mon aise mais l'abrupt soupir

t'a échappé et entre notre mêlée sourde - qui ne réveille pas les voisins

- regardons-le qui siffle, bien survivant sur la roue d'artifices

et qui retourne et vire nos bords, le sillon nous défilera entre les côtes accrochées

à ma tignasse, tes couronnes de crocs n'apaisent pas notre haine

et nous serons vaincus par nos lames élancées qui figent béantes

les explosions au-dessus de nous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Possession

(Une des convulsions de Cuchulainn)

 

 

 

 

J'ai senti le démon serpentin rouler ses flammes et ses épines au fond de ma bouche

et il se frottait douloureux sur mes gencives puis il s'est éteint,

j'ai toussé de la fumée puante, mais il est tombé, brûlant,

dans mes pieds après m'avoir tordu et tatoué mes tripes de son ombre.

Alors que j'aurais enfermé son ressort dans la boîte en os,

j'ai aperçu à la brèche d'un instant derrière mes paupières closes, l'oeil impalpable :

je ne suis qu'une figure projetée dans son globe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des rives

 

 

 

 

D'où vouliez-vous que je revienne d'où je suis dépassé de mon souffle

à vous entendre dire que c'est à voir le courant qui a vidé mes mains de fleurs

aux larges vasques de la danse en rougissant déjà mon sourire

sous les cuillères d'or qui s'agitent à mon front de spectre de répondre

de ces figures hypnotiques encerclées auront déployé mes ailes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les glissements du sablier

 

 

Versez-moi le tord-boyaux où les vieux poissons ruminent dans leurs cavernes

- bouche qui rumine, bouche qui dévore. Un pistolet a tiré le baiser saignant.

Et je regarde en face les hommes assis qui se coupent dans leurs assiettes roulantes

et s'avalent à grandes enjambées.

Je voudrais sauter à pieds joints dans ta chevelure saoule, ma soeur,

j'aimerais parfois mieux ronger dans mon crâne toutes ces amarres à tes seins bercées,

mais ta cuisse est si forte, tes essences partout plantées

- et ces deux phares qui poursuivent mes yeux, aucun détour permis

- des fleurs encore viennent jusqu'à ma gorge me décortiquer.

 

 

 

Romain CARLUS

AVERTISSEMENT

 

Ce site réunit et reconstitue l'oeuvre de Romain Carlus : les rubriques sont donc évolutives, se remplissant à mesure que les manuscrits sont traités.

 

Les deux images ci-dessous indiquent, respectviement :

"En travaux" : l'oeuvre est en cours de traitement avant d'être entièrement publiée

"À suivre" : l'oeuvre va être complétée progressivement

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