cet objet nuptial
S'identifier l'oeil ,
d'avant ouvre la source.
Le baiser-seuil.
Par une tranche de jour aligné un horizon de rondeur grave
Suspend mes yeux à sa distance,
Le silence immense creuse loin autour de moi,
Comme je vois et je palpe la noire profondeur enceinte,
La divination des bouches indénombrables aux coeurs vibrés,
Déjà ont soufflé les caresses où je glisse,
Elles s'ouvrent courant devant et m'entourent au courant,
L'haleine poursuivie de sable doux qui salive mon lit aérien,
M'épanche, aise d'éclaircies qui m'approchent et soupirent mon vol,
Cette laine continuée entre les mailles, les rythmes où des chats s'enfoncent.
Un couloir de branches déchaîne ses ailes et me cède l'espace,
Et les murmures de l'heure proche qui me découvre sa gorge.
L'attirance d'air qui appelle donne mon corps projectile et à toute ma vue,
J'habite l'infinie répétition, le site au clair d'azur secoué
de plus en plus vaste
Accueilli, j'entre, énormément...
- L'ombre est basculée,
Comme un anneau inaccédé derrière - incessamment ;
Tous ces membres maintenant flottent et s'écartent,
L'accouchement de ce ciel, le vaste berceau.
La chair liquide béante à ses fibres est dégagée.
J'embrasse un coquillage comblé de vision ; la rosace colorant des auréoles des songes cristallise et déploie la planisphère qu'elle inonde à forts cris lancés de flores
- et ce sont les paysages.
À plonger d'invoquer toutes les forces
- elles arrivent.
Des fruits les flambées.
Assauts de fumées d'argent lourd et déchiré accourent et cambrent de toutes parts des horizons d'altitudes chargées d'oiseaux et de gestes
- c'est la saignée de perles froides qui roule sur de la douceur de peau et frise ses rubans à leurs sources - des corps bariolés de voiles claires et d'ornements se lèvent et répandent une chaleur de mains amies qui tissent la vaste consolation - cette armure de mailles terrestres qui desserrent entre les reins des montagnes brunes les fontaines festonnées aux lourdes bouches de fleurs qui me frôlent comme ton visage sur mon visage
- ces divans d'ombres éclos reposent les lèvres saoules qui délivrent nos oeufs décorés des enfances - les colliers sans fin de sifflements aux écrins de rires dévalant nos veines - toutes ces fresques, ces cicatrices incarnées aux limons terrifiants des hauteurs obliques dessinent les doigts millénaires
- l'appel vociférant des accourements de toutes les figures jusqu'à moi, qui m'emportent - les cercles d'hommes aux cercles des femmes, ces foules de ta nudité, toutes les joies du corps manifesté aux mains de nos paroles et soufflant la braise des invisibles sens qui vont hisser nos navires - fondre dans les airs pleinement traversés, pleinement réveillés
- je suis démultiplié - les trombes de tresses rousses aux mille chevaux hennissant m'écartèlent, leurs crinières qui ondoient de chaleurs l'horizon d'asphalte - ils charrient tant de routes à travers les pierres sèches et aiguës et les plaines vertes aux sillons naïfs d'ocre blond - et de loin encore les mers chavirantes sont chevauchées et se ruent entre nos mains, et nous y voguons, géants, nos yeux de sirènes tendus à la poupe, les mamelles giflées d'écumes et de fouets obscènes - je recueille un instant tes cheveux odorants de lisérés d'or inca tombant des dents glacées d'une poupée de dieu qui trône sur le grès barbare
- ce sont d'autres falaises de continents soulevées qui découpent les brumes vides avec leurs larges vertèbres inhumaines se heurtant et fondant bientôt leurs muscles diluviens aux ventres martelés de bronzes, aux coudes brûlés de fers repoussés, aux épées trempées, couvertes de reliefs légendaires, cinglantes et crevant les vagues neigeuses - terrestres cadavres s'écoulant rongés des noirs sommeils - les duvets tournent et s'envolent, tels des poussières d'anges, des poussières d'ailes - et les volutes de draperies teintées se gonflent et longent des balustrades rondes où s'étagent des terrasses de Barcelone et des jardins sur Nîmes, des paliers à Baden et des escaliers joignant toutes nefs enfouies dans la terre
- urgence des rugissantes armes de beauté, de partout des signes affamés salivent les fours de nos fruits intarissables - de partout l'engendrement, les mûrissements incendiés du recel nouveau à l'aine des vides divisés - un instant je cajole sous l'aile de ma voix ta voix chère gravée d'une écume sur les galets chauds, d'un vent sous les feuillages - viol des cornes d'abondance, nos désirs de mondes qui détachent tous les volets sur les journées qui sonnent leurs bijoux près de toi.
Au coeur d'une étoile de portes aux voeux prédateurs.
Sources d'aval.
Radiante saison adonnée de l'étoile fauve
- c'est notre corps possible des corps le recueil, écho propice des terres auditoires pour leur délivrer les voix d'encens enfouies, et enluminer ses roulements parcourus jusqu'aux feuillages, aux rives, prolongés
- nous sommes ce cri, l'immensité qui se traverse, rage d'éclair et qui sait murmurer
- saison adonnée de l'étoile fauve qui perce mes désirs de routes, lancées sous les chapiteaux inconnus de levers et de couchants où des ombres et des lumières charrient des peintures sur le roc
- et l'étendue au sein dévoué, j'ai sans doute effleuré sur ta nuque son augure attentif
- au coeur même les sources d'avalanches assoiffées dévalent à tous les fonds cédés qui se désirent à nos corps tous leurs voyages
- nous respirons un air imminent, à monter les voiles aux places d'azur, une tonnelle enlevée du sol se dispose à nos rencontres.
J'entre au phare qui tient dans sa paume tous les battements de fenêtres qui s'ouvrent et craquent de visions
Huîtres monumentales gravées de perles, de fontaines et de colonnades, elles se sont détachées de leurs tombes rocheuses, elles capturent ces vaisseaux, les Venise.
Là où tes mains dansent sur des jardins dans tes cheveux, un reflet d'iris au vernis de Veermer foule de forêts l'air chaud.
Départ répété dans les alcôves exotiques.
Les seuils
I
Toisons de chaleurs vautrées sur le sable nu,
Elles troublent de l'air dans les vagues d'eau
- Bain du ciel aux barrages disparus,
Qui suce et mordille les galets blancs
Où tu as logé et délogé tes bonds
Feutrant les revers des yeux d'écumes.
Pas de jours plus réel - tout se voit, intégralement.
Les lèvres ont fondu le sel
Et dans les cheveux du vent emmêlé
Glisse, court, attire la gorge
Et s'écoule
Aux creux d'ombres frisées d'ondes soyeuses
Et aux silhouettes lisses des rêves de chair,
Ces eaux rocheuses qui enveloppent et fouillent
Cet être de coquillages - rêves d'une peau à foison de ses dessins et de ses sucres, Et où l'oreille écoute les vagues
- On l'entend qui chante
En secouant à l'enjambée ses reflets
- Ses courants de paresse heureuse que la mer étale
Entourent d'altitude cernée les bords de son corps apparu.
La maison est un carré de volets ouverts, le pont de tresses crisse sous les pieds et un soupir arrondi comble l'accouplement d'une houle primordiale, les deux balanciers allant et venant sans se quitter - c'est une mer indivise qui se déploie et déferle entre eux deux.
Les mains larges d'explosions entaillent
d'avenantes clartés l'air dégagé
propagent à grandes foulées de voeux volatiles
des douceurs d'embrassements
- Annonce du visage, épaules des territoires
C'est le monde
impatienté
Des arbres des noirceurs demeurent
et couvent sous le jour les douleurs des fruits
chauds au pressoir inassouvi
de n'en finir à nos démesures l'échange de notre rencontre
qui ne connaît l'éclipse ni le noyau stérile
Des progénitures de feuilles et de branches
entourent ici le noeud de pierres fortes,
le torse dressé de ce mont de rocher limé et mesuré de chambres,
et d’anneaux de pointes tordant les batailles de pluies et d'éclairs,
saignant les canicules des lueurs d'ardoise…
Il a embaumé la hauteur des chênes dans ses fumées leurs sèves.
C'est voir de la terre et du ciel habiter son trône
tenant sa cheville de coeur où elle est partagée ;
le caillou et l'écorce
se donnant même racine, qui plante sa dent
dans la cuisse et l'os de la Mort,
la vieille Mort des pestes, du destin et
du festin qui l'invite à boire avec nous :
Le château réserve
dans ses flancs un songe de cathédrale
le jour
retenant la nuit au précipice de sa face cachée
la nuit
pulvérisant le jour constant dans son âtre
un seuil
un chambranle d'hémisphère, qui a tiré figure ici ;
des épices, des encens et des métaux et des perles déferlées :
arche scellée ancrée sur la colline
ses cuirs dans la terre où bouillonnent ses liqueurs,
en recélant les félins et les larges fauteuils d'embrassement
où tu veilles, échancrée
et le pelage des tapis, les tentures rougeoyantes de visions
et les buffets géants tenant sur leur front
objets qui regardent, objets qui bougent
Des miroirs entourés de folies où tu scintilles.
Tu es venue reconnaître aux fenêtres monstrueuses
- Guenièvre voit de si haut celui qu'elle ne peut nommer...
la dilution blanche des arbres régalés de lumière.
Des flocons distants qui se bercent de prairies,
Le creuset souriant broie les essences butinées
Et marie les sueurs des lèvres qui grincent
Et dévoient l'acide clair
- Fonte mûrissant le vase
Un oeil a écarquillé sa trouée
et regarde
cette vapeur dépensée qui me dépose
au creux du rendez-vous
- Le choix du lieu possédé.
Je tourne entre mes doigts la clef des rues nocturnes.
Les hommes ont disparu, certains parfois rampent
Mais retrouvent leur tombe, et nous marchons
Où les recoins des palais résonnent de quelques baisers cachés
Gré du courant dans ces murs de l'heure arrêtée,
- C'est notre cité émergée, introuvable
Je tiens ta main, l'autre clef,
Et dans l’indicible
Un lait d'astres sèmera les bouquets de la nuit.
Fond du kaléidoscope, réversion des images.
Versant d'amont.
La roue de nos deux arcs qui dansent, les voies de profils joints du balancement des hanches elle pousse leur val sous l'attelage de mes mains l'engorgée abonde la prise dans ta corolle comble écarte à tes cuisses le trône couronné son vin neuf m'arrose et le pavillon de l'issue que nous creusons nôtre s'éclabousse tout à coup
Retombe de ta bouche le don de l'eau reconnue
L'entaille parsemée recueille mes doigts
Sous le couple rond
La roue modelée à ses volutes
La poursuite.
Versant d'estuaire.
Les roues des machines battantes
hurlent à gueules démembrées et vomies la chamade
les milliers de coeurs où je suis trépassé
rebondi des signaux de couleurs lisibles
aux transfusions dans anges sauvages
dans nos sillons de paroles
On ne soupçonne pas encore les dermes planétaires
qui remuent sous les traits du papier
- griffes éjectées des foules d'aigles fous
qui déchirent la carapace de l'air -
ils ont des frontières défenestrées à nous offrir
dont l'ouïe énorme et les poignées de mâchoires
affamées crachent à nos poumons les semences
qui bandent la mort au muscle de la vie
Nous est poussée du cerveau épars,
cette nuit nourricière qui craque
entre nos cordages de mots - elle a toujours duré
Ses roues de récoltes foraines
ébranlent nos fers
des inondations volubiles
Nous pouvons jouer de l'orgue boréale
qui strie l'atmosphère de nos ponts
nous pouvons jouir
Et des hanches incommensurables à tout instant
dégagent des gestes de nos pensées
La roue propagatrice des voyages.
L'arrivée relance - le tour joué
Les seuils
II
Ton sein
Chaud bonnet qui couve
joue blanche au fil des branches
où des crânes de bêtes fleurissent
et clignent de leurs baies,
Spirale de plis feuillus, volcan de promenades
et murailles agitées qui pointent des oriflammes
d'où fument les confettis enrubannés,
monnaies blanches, monnaies vertes,
Aèrent notre ciel d'ombrelles.
C'est notre grenier ouvert et neuf
de ces lampes touffues
teinte la variété des heures
- des heures
Le jardin plein - massifs de mâts qui chantent
l'air somptueux et toute la planète sous nos mains.
Tourbillon de son fond rebondi,
toutes les couvées sont relancées
Et le reflux d'une juste détonation,
un ouragan brassé d'expulsion natale
fronce et emporte,
à l'approche
Tes boucles tes bouches suintent entre les crénelures du vent
l'île de pins noirs
qui penche loin vertigineuse
sur la mer, devant
nous sommes découverts par l'éternité
écartelés par le soleil
incendie indolore
La terrasse, rien ici qui ne soit à s'offrir
Granges de foins suffocants
le péril
l'aveuglant dévoilement des paupières
les ailes sont pressées et chargent le canon
le péril de naître
tête moissonneuse
Théâtre de l'aine ou boîte des miroirs,
une chambre d'apparitions entre les chairs
le dénombrement des faces est effréné
Et de toutes parts ta voix jusqu'ici résonnée perfore,
elle court la ligne dont je lis ici les traces, ce visage,
c'est ton ventre.
Les profils
des
seuils
ont tous rejoint
le
gouvernail
Je me suis élargi d'un rebond
- accélération gestative
D'intérieure éclosion l'extérieur
Au front des ponts kaléïdoscopiques
la corne réservée dont je tiens les arches télescopiques
tiroir des fonds imaginables
- tous les accès d’être.
Une rencontre, des naissances
- les visages de tes flancs
Rencontre et rebond.
Gourmande habitation,
j'ai touché le tissu où la chair définit la chair,
trempé de vin salé à mes côtes
comme le souvenir qui s'en était allé chercher loin dans la vigne
moi ici - c'était l'autre.
Alliance, l'anneau de ton sexe
- alliance, boucle cardiaque
cheville d'incarnation
Unions.
Engendrés par nos deux corps
boucler le milieu avec la clef des alliages
qui font bouillir les étoiles
nous sommes enchevêtrés
enjambée ta cuisse et fouillant tes trésors
nous sommes le casse-tête chinois
où pas une pièce de l'un ne manque à une pièce de l'autre
où aucun plan ne donne la figure de l'ensemble.
Instance.
Apparaître,
Où je viens de séduire d'un seul bouquet ces lieux.
Et de quoi respire cette nuit ?
Elle se recueille,
Goutte à goutte, dans ma bouche,
Je porte à moi-même son sein
Quiétude d'un fauve.
J'ai sur mes lèvres qui soulèvent le vent
Un partage suave des heures,
La nudité qui dévisage le jour.
Entre mes doigts des anneaux secrets ont enroulé
Les cours d'une rivière disparue qui consolait des amertumes,
Je suis une voile qui blanchit au soleil
Et l'arc du ciel me berce jusque dans nos bras.
De ma veine,
J'ai ouvert milliers de fenêtres franchies
Et l'horizon là-bas s'écoute venir jusqu'à nos lèvres.
Dans le murmure de mes yeux le souvenir promis de ce qui,
perdu, reviendra.
De la respiration par les mots.