Je vais dans quelques minutes poser mon stylo. Je vais remettre sur ce petit bâton de plastique transparent acheté quelques centimes au supermarché un capuchon mordillé qui n’est pas le sien, puisqu’il en vert et que j’écris en noir. Soyons précis ! On parle ici de postérité. « Il écrivait avec un vulgaire stylo à bille » - n’est-ce pas là le must du snobisme ? Le vrai luxe, c’est d’avoir assez de fortune pour battre froid les gens friqués en leur écrasant leur merde d’égoïsme, d’hypocrisie et de mensonge sur la figure ! Bien qu’il faudrait plutôt dire « gueule ». Un peu de vulgarité, ça fait « roman américain ». Mais la vulgarité est pour l’auteur américain quelque chose de naturel. Nous, ici, c’est une posture. Mais je n’aime pas les romans américains, d’ailleurs, c’est pour cette raison que je n’en lis pas. Il me suffit de lire un ou deux romans français par an qui les imitent (selon la notice de composition, d’emploi et de conservation rédigée par un pauvre stagiaire d’éditeur.) Le point après ou avant la parenthèse me posera toujours un problème : c’est sans doute le propre d’un ancien dyslexique dysorthographique dyspeptique qui s’ignorait. J’abuse : je ne pouvais pas ignorer la dyspepsie.

Je vais tâcher de sortir discrètement.

Tout est prévu : mes vieux souvenirs d’amant pour femmes mariées m’ont appris quelques astuces pratiques, notamment l’art de m’habiller ou de me déshabiller en quelques secondes, et sans faux pli, sans traces, et sans bruit.

Il fait un temps superbe, avec un soleil à ne manquer sous aucun prétexte.

Je reviens dans une heure. Ou jamais.

 

 

Romain CARLUS

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Ce site réunit et reconstitue l'oeuvre de Romain Carlus : les rubriques sont donc évolutives, se remplissant à mesure que les manuscrits sont traités.

 

Les deux images ci-dessous indiquent, respectviement :

"En travaux" : l'oeuvre est en cours de traitement avant d'être entièrement publiée

"À suivre" : l'oeuvre va être complétée progressivement

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