Janvier

 

Je viens juste de commencer "Venises", de Paul Morand, ce livre que j'ai dans ma bibliothèque depuis le 26 août 1990, date précisée sur la page de garde, avec la signature de l'amoureuse qui me l'avait offert, ce livre qui a suivi tous mes déménagements sans que je l'aie perdu, sans que je l'aie jamais encore lu.

 

Je sais bien : un sale type ! Un livre pourtant offert par une fille communiste, dont le père était prof de philo anarchiste et la mère gitane cartomancienne ! Ainsi va la vie !

 

Je me doutais bien que ce bouquin me réservait quelques trésors :

"Je n'ai jamais appris la grammaire ; pas de quoi se vanter, mais il me semble que si je l'apprenais aujourd'hui, je ne pourrais plus écrire; l'oeil et l'oreille furent mes seuls maîtres, l'oeil surtout. Bien écrire, c'est le contraire d'écrire bien" (page 11, chez Gallimard, "Imaginaires")

Je pense à ce que Barthes disait du "style".

Etre agrégé, c'est "écrire bien". C'est "penser bien", comme il faut. C'est faire de la pensée une autre voie de pédophilie à accepter : c'est de la "résilience".

 

Ce qu'on appelle encore et toujours trop souvent "style" a pour moi, depuis toujours, un sens qui me déplaît, que je trouve mensonger, qui est impliqué dans mille escroqueries des Arts et des Lettres. Le style n'est même pas une forme singulière, même pas une signature. Ça, c'est trop peu : c'est le mystère même d'un être. Le style précède le langage. Le style précède l'art. Il n'est surtout pas une "allure", un certain dessin, une espèce de tournure. Il échappe aux mots et veut pourtant toujours s'y trouver, mais sans y être capturé, piégé.

 

 

 

Se défoncer la tête, c'est espérer le pouvoir de se poignarder le coeur, ne plus souffrir et s'en rélever meilleur. Mais, cela n'arrive jamais. On est juste malade, juste "en vie".

 

 

 

C'est fini, tu n'es plus parmi les "purs", comme tu t'en vantais encore à 30 ans ! Aussi, "ils" ne m'auront pas avant la fin. J'aide un peu, mais j'attends que "ça" crève tout seul, malgré moi, sans moi.

 

 

Ce que j'aime décidément chez ces improbables artistes "Les Inconnus", c'est leur art de nous faire traverser entre amis les pires affres du monde "moderne" sans se tirer une balle. C'est un plaisir cathartique toujours renouvelé.

 

À 55 ans, j'en arrive à devoir affirmer ce que je suis, comme à 15 ans, et je trouve que cela prouve que je suis sur la bonne voie - contrairement à tous ces "arrivés" dès leurs 20 ans (maison, gosses, vacances au ski, gamins, con de chien) : j'aime les femmes, j'aime l'Art, j'aime les bons cigares, j'aime la bonne cuisine (et avec des viandes !), les bons et nobles alcools, j'aime la forêt, la terre, la Littérature, j'aime la gratitude, j'aime la vérité, j'aime les actes autant que les paroles.

 

Un vieux couple qui avait fait de son grand et courageux projet de vie d'acheter un appartement de HLM, où ils ont élevé patiemment leurs enfants pendant 20 ans, a vendu cet appartement, pour défaut de retraite suffisante, à une gamine de 19 ans financée par ses parents, étudiante ! Et ON va dire que c'est un signe d'enrichissement de notre société ! Voilà : c'est ça, ce siècle de la Grande Régression ! Régression économique, sociale, culturelle, intellectuelle, idéologique, morale. La bourgeoisie, qui a l'avantage des initiés, des capitaux, voyant le chaos venir (par elle-même produit !), est en train, avant 2030, de tout verrouiller, de relever les ponts-levis, de tomber les herses, d'accumuler les butins comme aux temps des colonies, pour se sauver. Car, en-dessous d'eux, tout le monde sera dans la misère. Pour cette raison même, la classe moyenne disparaît. Ce n'est même pas politique, c'est juste "humain" : donc, espérons en une espèce aussi étrangère à nous que supérieure ! Vivement les "aliens" !

 

Chaque cadeau de notre mariage est une poignée de terre pour enterrer notre amour !

 

Quand tu as un enfant, des enfants, ça te rend fort. Rien de vraiment mauvais ne peut te toucher.

 

Les femmes, elles, sont de plein corps et d'âme dans l'univers. Les hommes restent les exilés.

 

J'exècre l'Humanité, mais j'aime ses maisons, ses temples, ses fresques - en son absence. En somme, de l'Humanité, j'aime ses tombeaux.

Je suis de ceux qui arrivent après la Mort.

 

Un homme n'est pas une femme, et vice versa.

Chez un homme, la question du phallus trouve très vite sa réponse (et c'est toujours la femme qui la donne) ; chez une femme, la question du vagin n'en finit pas d'attendre une réponse... Moi, je dis que ça signale une forme de handicap.

 

Oui, je suis toujours de l'avis de Charlotte Rampling et de bien d'autres : "la femme peut simuler, pas l'homme. Tout est là."

 

Encore 9 mois dans cet appartement, cette cellule de 48m2 (donc plutôt spacieuse pour une prison française) - cette cage où je tourne avec mon chat comme dans une danse de camés amazoniens, et je pars, je retrouve enfin une maison, un petit jardin plein de fleurs, pour moi, et autant pour mon chat, ce chat qui est accroché à moi à pleines griffes, contre toutes les tempêtes, depuis 13 ans. Ou bien, je me jette par cette fenêtre.

 

Le syndicalisme, en France ? Ailleurs, je ne sais pas, mais, en France... Une concentration de fégnasses, de médiocres, de psychotiques, de frustrés, de petits tyrans, de cons pathétiques...

 

Dans le théâtre de Feydeau, on est dans la plus logique suite du théâtre de Molière. Avec Molière, on est "avant" la Bourgeoisie, et avec Feydeau, on est "avec" la Bourgeoisie. Le ridicule du "Bourgeois gentilhomme" est devenu avec Feydeau la corruption typique, caricaturale, d'une classe de profiteurs obligée de se défroquer elle-même en publlic pour en faire l'acte sacrificiel de sa rédemption et de son improbable élection devant Dieu. Genre : certes, il y a Dieu, que la Noblesse avait réussi à obliger autant qu'à accepter comme humiliation, mais, avec nous, il y a l'argent...

 

La Bourgeoisie ? Ce sont ces gens-là qui ont endetté Dieu lui-même et ont des créances contre Lui !

 

"Mais non, je ne vais pas te quitter... En aparte : Je veux juste que tu meures".

 

27/02

Je n'aime pas mon prénom : à part Cromwell, c'est un nom de mec gentil. Certes, les fillettes, quelques femmes (surtout mariées), et les grand-mères, m'aiment bien, mais, c'est forcément pour l'expérience de ma solitude. La solitude de l'olivier. il vit vieux, il est tenace, mais "seul" en face du Soleil.

 

Toutefois, il est attesté que ce pénom ne vient pas du Latin (ou le prénom"Oilvier" n'existe pas), désignant l'arbre sacré de toute la Méditerranée, mais vient du scandinave, "Olaf" : "L'invité des Elfes". Ce qui me convient pleinement : l'arbre et la fôret sont toute ma vie, la plus réelle possible.

 

Qui s'arrête encore devant un arbre ?

 

Salut, Olivier.

C'est genre comme dans la chanson de Bertrand Burgalat : "si je me rencontrais au coin de la rue" - quand j'ai 55 ans... "Tu me reconnais ?"

- Alors ? Ça va ? Tu as compris ton erreur, "pauvre ingénu" ? L'erreur de ta vie. L'erreur d'avoir vécu un jour sur la Terre ? L'erreur métaphysique, donc mortelle (comme la vie, erreur mortelle) d'avoir cru que les femmes auraient LA réponse ! TA réponse !" - "C'est que l'on s'est reconnu".

Comme dans une chanson décadente des années 90 : tu es le trop doué garçon dont on n'a plus besoin : il ne te reste qu'à voler tes titres de naissances entre les cuisses des femmes - Sait-tu que c'est, quoi qu'il en soit, un rare privilège biblique de bénéficier de l'abondante générosité de la femme malgré elle ?!" Car si l'homme est plus bas que lui-même, la femme est tjs au-dessus d'elle-même. Ne le lui en veux pas.

 

"Salut, Olivier.

Et voilà, nous y sommes.

Tu as l'âge que tu pensais ne jamaiz avoir la honte d'attendre : 55 ans - quand tu en avais 25, à Rueil-Malmaison, avec ta première "femme vraie". Mais il paraît que le temps passe même pour toi, en dépit des espoirs désespérés de vos années 90.

En effet : tu vas mourir aussi bêtement que n'importe qui.

Certes, tu as dit, il y a si longtemps : "Si je ne vis qu'une fois, pas question que ce soit pour l'avantage de la médiocrité !" - et, de là, tous tes choix, dont les effets t'ont fait espérer une injustice divine. Mais, pas d'injustice : au contraire. "Dieu vomit les tièdes". Et tu as bien assez gâché le don divin de la vie pour des tièdes, égoïstes, stupides. Ce n'est pas l'Église qui fait le croyant, mais le croyant qui fait l'Église.

Tu peux revenir, pêcheur bredouille de la haute marée humaine !

Tu peux afficher devant nous, devant Moi, ta face aussi noire que blanche, vertu du contraste, vertu de l'icône.

Mais fort bien ! Tu es las et là, avec tes pesantes croix d'écritures (- tes petits écrits), tous ces kilos de manuscrits !

Et ta Croix est de la porter, parce que tu as toujours su que tu ne pourrais jamais les convertir en monnaie courante. Je t'ai condamné, par amour de toi, par amour des Hommes, à l'exil de ton oeuvre, à l'exil de tes talents, à l'exil de ton amour aussi, pour voir à quel point ta souffrance confirme l'exception de ton être, exception que je t'ai concédée. Car Dieu est LE nombril !

Tu resteras là, avec tes kilos de manuscrits, sans jamais pouvoir en convertir le tiers au miracle de leur transcription."

 

Merci Bertrand : "Cendrillon sous acides. Noël sous ordonnance. Avoir moins peur". Moi, j'ai assisté au concert d'adieu de Bertrand Burgalat, avec April March, dans le 10e arrond' !

 

 

 

Petite folie freudienne

Grande découverte ce soir : c'est mon "surmoi" qui est malade, ni mon "moi", ni mon "ça" ! (là, je dis : c'est le "mon" qui l'emporte sur tout le reste). Du reste, on sait que le "ça" est appelé "ça", pace que ça présupose que le "moi" est le seul point de référence : mais "ça" est toujours "autre". Donc : Freud, qui a raison sur tout (justement contre les hypocrites, et les irresponsables camouflés), pose par avance le "surmoi" comme "loi"  intangible, car "idéelle", et le "moi" comme entité incomplète - donc incomplétude... donc, Freud est un romantique. Alors que Dieu est janséniste.

 

Cela fait 26 ans que je connais le patron du Kebab de Margny-lès-Compiègne, rue d'Amiens, là où j'ai habité pendant deux ans avec ma future seconde épouse. J'étais alors entre trois femmes (sans compter ma mère !) : Pascale (encore, et alors ?), Sophie Reine et Laurence.

Je l'ai vu créer son petit resto, avec peu de moyens, et je l'ai vu réussir à donner à ce resto une très bonne réputation, et je l'ai vu améliorer sa boutique (décor, mobilier, services). On a nos cheveux devenus blancs en même temps.

 

8/03/23

Quelle est cette nouvelle mode idiote d'offrir une rose pour la Journée des Droits des Femmes ? Sérieux ?! C'est pas la Saint-Valentin !! et puis, alors, comme récupération rétrograde et petit-bourgeois, c'est un exploit ! On dirait un blaireau qui veut se faire pardonner une connerie en offrant des fleurs. Bon... cela dit, s'il suffit d'une fleur pour les droits des femmes... ça va être facile.

 

La Poésie, même longue comme une Chanson de Geste, se rapproche toujours de l’instant, alors que le récit s’en éloigne toujours. Deux manières de vouloir l’éternité.

 

Le Classicisme (memoria) consiste à réunir (actio) dans le même temps l'instant (inventio) et l'éternité (compositio), en y décrétant la fixité des formes (elocutio) ; alors que la Modernité consiste à réunir l'instant et l'éternité sans aucune fixité de formes. Chaque auteur étant alors le coupable de la forme qui est la sienne, arrogante et vaine. La Modernité est une "anti-mémoire" : non pas l'amnésie (maladie à la mode chez les vieux), mais le second troisième degré par-delà le second degré de la mépire. En somme, un "moderne" est un "classique" qui fait semblant d'oublier, et qui, dans ce mensonge, en récolte de la nouveauté.

 

Barthes, avait (encore) raison : Voltaire était "le dernier des écrivains heureux". Mais, on peut ajouter, pour compléter cette réflexion trop idéologique, trop "courte", et pas assez esthétique, que Rousseau, lui aussi ! Pour le style ! Pour son phrasé !

 

Quand j'étais à Verberie, je montais du théâtre à Paris, je faisais 20h de cours au moins, j'écrivais, j'allais au billard tous les samedis matins, je jouais souvent de la musique, et je troussais les femmes ! Je me demande où je trouvais cette énergie.

 

J'envie l'ivresse des cracheurs de feu.

 

La prière doit être inconditionnelle. Et si elle est exaucée, on doit purifier tout remerciement par une pénitence. Car dans le remerciement se cache encore de l'orgueil.

La prière est un acte d'amour.

 

Je garde pour moi l'indicible. Et cela me rassure, cela me donne le sommeil du juste.

 

21 mars

J'ai ressorti le manuscrit de Kaléidoscope, de 1992. J'avais écrit et maladroitement enluminé, comme un gamin, une version sur papier verger. Ce recueil n'est pas un receuil, mais une effusion d'encre. Besoin de mots, folie de mots, épopée surréaliste de mots.

J'avais besoin de ce périple-là pour choisir ma future femme : pour ce choix, je m'en suis remis à cette éxpérience. Aussi l'ai-je commencée pour Camille et l'ai-je achevée pour Pascale. Et j'ai alors choisi Pascale pour future épouse. - Car je savais que l'on en arriverait à se marier un jour. C'était écrit... Mais, malheureusement, ce fut un mariage que sa peste de mère nous a pourri.

Ce texte, écrit du 21 décembre 91 au 1er janvier 92, a décidé de mon avenir et de celui de ces deux femmes.

 

Voilà un jeune homme de 21 ans qui me reconnaît et que je reconnais : "Parce que c'était moi, parce que c'était lui". Il est à la fois moi-même à 21 ans, l'autre que j'aurais dû être à cet âge, et aussi mon fils qui a 20 ans - et me rejoint en dépit de tant d'enfers qui ont découpé mon être en monstres qui se font la guerre. Je suis enfin rassuré ! Il existe encore des poètes, des exaltés, des "volontaires" !

 

Ma mère : "Je ne suis pas raciste, j'aime bien les noirs, tant qu'ils restent chez eux."

La soeur de ma mère : "Si Dieu a créé des hommes de différentes couleurs, c'est pour qu'on reconnaisse les bons et les mauvais".

Mon père ? De sang juif, à 50%, mais antimsémite !

Je reviens de loin !

 

Je suis trop souvent tombé amoureux d'une inconnue au coin de la rue, parfois deux à trois fois par jour. Je suis fatigué.

 

J'ai vu des femmes avec 5 bites, mais je n'ai jamais vu un homme avec 5 chattes. Moi, je dis que tout se tient là ! Tout le reste n'est que "littérature".

Romain CARLUS

AVERTISSEMENT

 

Ce site réunit et reconstitue l'oeuvre de Romain Carlus : les rubriques sont donc évolutives, se remplissant à mesure que les manuscrits sont traités.

 

Les deux images ci-dessous indiquent, respectviement :

"En travaux" : l'oeuvre est en cours de traitement avant d'être entièrement publiée

"À suivre" : l'oeuvre va être complétée progressivement

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